Inoxydable ne veut pas dire inaltérable… le terme « inoxydable » est même impropre, au lieu de acier inoxydable on devrait parler d’aciers difficilement oxydables, car comme tous les métaux (à l’exception de l’or et du platine), ils sont sensibles à la corrosion et à l’oxydation.

C’est beau quand ça brille…!

Nous avons vu dans l’article précédent que l’acier inoxydable, fortement chargé en chrome, a pour propriété de s’auto-protéger en surface en créant naturellement, au contact de l’oxygène ambiant, un film de protection passif très stable bien qu’extrêmement mince et invisible à l’œil nu.

Cerise sur le gâteau, si ce film protecteur est localement abimé (rayure, perçage, choc, frottement, etc.), il a la propriété de s’auto-reconstituer presque instantanément par une nouvelle migration des particules de chrome contenues dans le métal vers la surface, particules de chrome qui vont à nouveau réagir avec l’oxygène pour recréer un film passif.

La corrosion de l’acier inoxydable :

L’acier inoxydable ne peut pourtant pas être considéré comme indestructible, son état de passivité peut être rompu dans certaines conditions, ce qui occasionnera alors de la corrosion et de la rouille jusqu’à destruction complète de la pièce attaquée.

C’est bien la qualité du film de passivation en surface qui détermine les qualités d’inoxydabilité de l’inox.

. Il faut dans un premier temps que ce film passif soit bien formé :
Si la pièce qui vient d’être soudée, poncée, pliée, percée ou découpée, les zones et surfaces travaillées doivent ensuite être bien nettoyées pour éliminer les particules de métal laissées par l’outil, puis dégraissées pour que les surfaces sur lesquelles le film passif a été endommagé puissent parfaitement capter l’oxygène ambiant.

. Il faut aussi que le film se reconstitue bien en cas de dommage :
Lors de son utilisation, la pièce pourra subir des chocs, des rayures ou des frottements de surface qui vont user le film de protection passif. La pièce inox pourra également subir des flexions qui vont « casser » localement le film passif qui est naturellement très rigide, et là encore créer des failles dans la protection…

La reconstitution du film se fera donc automatiquement, mais peut-être dans de conditions moins favorables qu’à l’origine, en présence de poussières, d’impuretés diverses, de particules métalliques, de sel de mer ou de graisses.

Cadène inox corrodée

La pièce en acier inoxydable est peut-être également serrée par un boulonnage ou un rivetage, enserrée dans un pont en teck ou prise entre deux contreplaques qui tout en retenant l’humidité (salée) empêche l’oxygène ambiant de pénétrer ou d’être renouvelé…

Autant d’éléments qui feront que le film passif ne sera pas uniforme ou que par endroit le contact indispensable des atomes de chrome présents dans le métal avec l’oxygène n’aura pas lieu. Ces endroits seront autant de points d’entrée pour le développement ponctuel de la corrosion qui se traduira rapidement par des traces et coulées de rouille…

. Il ne faut pas que cette auto-reconstitution du film passif soit trop fréquente :
En effet, à chaque reconstitution du film passif, une nouvelle migration des particules de chrome contenues dans le métal va se faire vers la surface pour réagir avec l’oxygène, et à chaque fois l’acier va s’appauvrir un peu plus en chrome.

Quand la zone d’usures fréquentes sera trop appauvrie en chrome, le film protecteur ne pourra plus se reconstituer et la surface à cet endroit précis ne sera donc plus protégée. La corrosion se fera alors en surface et en profondeur. C’est le processus de « fatigue-corrosion » de l’acier inoxydable, peu connu et pourtant très fréquent sur nos bateaux.

Rouillé c’est moins beau…!

Dans certaines conditions, l’état passif de l’inox est donc détruit et ne peut pas être récupéré. La surface devient alors «active», avec comme conséquence diverses formes de corrosions que nous allons explorer dans les articles suivants.

Mast Jack

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