Vieillissement et durée de vie du haubanage inox d’un voilier (1) :

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avril 24, 2014 par Technique Gréement

Rupture un toronVieillissement d’un câble inox, légende ou réalité ?

Il faut savoir que l’inox marine (ou 316, ou A4), même si il résiste bien à l’oxydation est loin d’être réellement inoxydable à 100%. Cependant l’oxydation est loin d’être la cause principale de rupture d’un câble inox.

Il règne un grand flou autour de la durée de vie du haubanage inox d’un voilier. Le vieillissement d’un câble inox est-il une légende ou une réalité ?

Le processus de vieillissement du haubanage inox :

La réalité est que la rupture du câble se fait majoritairement par fatigue mécanique suite aux oscillations successives, de faibles amplitudes mais répétées au fil du temps, qui entrainent à terme la cristallisation et la rupture du métal.

Le parallèle peut être fait avec un trombone de bureau que l’on peut tordre et détordre plusieurs fois de suite sans qu’aucune altération ne soit visible à l’œil nu. Pourtant on sent bien en le faisant qu’à chaque torsion le fil est de plus en plus « mou » et fini rapidement par casser.

Sur le haubanage d’un voilier, le processus de vieillissement est tout à fait identique.

> Les câbles fatigueront au mouillage avec le balancement naturel dû à la houle.
> En navigation c’est le haubanage sous le vent, peu tendu, qui fatiguera en oscillant.
> Le haubanage au vent, bien tendu, ne fatiguera que très peu.
> L’étai vieillira plus vite que les autres câbles, aussi bien au mouillage qu’en navigation, le poids de l’enrouleur et du génois augmentant par leur masse l’amplitude des oscillations.Rupture multiple de torons

Un haubanage peu tendu vieillira donc plus vite qu’un haubanage très tendu.
Une plateforme plus souple, comme celle d’un multicoque, impliquera moins de tension dans le haubanage, et donc des oscillations et un vieillissement accéléré.
La souplesse propre du hauban aura également une influence sur son vieillissement. Ainsi un Rod monofil, très raide, supportera beaucoup moins longtemps les oscillations successives qu’un câble extra-souple

La durée de vie du haubanage inox :

Notre expérience de gréeur montre que sur un multicoque la durée de vie moyenne du haubanage est de 7 à 8 ans et ne doit pas excéder 10 ans.
Pour un monocoque il est raisonnable de ne pas dépasser 10 ans pour l’étai, 12 ans pour le haubanage latéral et 15 ans pour le pataras.

Un haubanage en Rod monofil, plus rigide, supportera moins bien les flexions successives et aura une durée de vie de l’ordre de 6 à 10 ans au grand maximum.

Soyez prudents, les experts et assureurs exigent de plus en plus souvent le remplacement ou refusent carrément de prendre en charge un sinistre si le gréement dormant a plus de 10 ans.

Il y aura toujours des contre-exemples et des gréements hors d’âge encore en navigation, mais à défaut de statistiques claires, notre expérience de gréeur montre que le vieillissement d’un haubanage est bien réel… !

Mast Jack

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14 commentaires »

  1. J.B. dit :

    Bonjour,

    Je vous contacte concernant un problème de vibration dans mon mat.J’observe un phénomène de résonance dès que le vent n’est pas de face ou d’arrière: le mat oscille d’avant en arrière au niveau des barres de flèches sur quelques centimètres et pendant quelques secondes. Ceci à partir d’un vent de 8-10 nds environ. Ces mouvements sont transmis à la coque (en aluminium) et l’on ressent les vibrations dans tout le bateau ce qui rend la vie à bord assez pénible. Ceci uniquement au port et au mouillage, sous voile le phénomène ne se produit pas.

    J’ai d’abord pensé à des problèmes de tensions dans le gréement, mais le fait d’augmenter (ou diminuer) de la tension ne change rien au phénomène (les tensions on été mesurées au tensiomètre, allant d’un gréement très mou autour de 10% de la rupture de charge jusqu’à surtendu à plus de 20%).

    Le mat est un profil sparcraft IMS256 (figaro1) que j’ai adapté à mon bateau,longueur 10,80, posé sur le pont, un étage de bdf poussantes 5°, 2 galhaubans, 2 faux-inter, 4 bas haubans, le tout en 6mm. Je tiens à préciser que sur mon précédent mat (isomat profil NG37) j’observais exactement la même chose. Je pensais éradiquer le phénomène par le changement de mat…

    J’ai essayé énormément de choses pour régler le problème et j’avoue être aujourd’hui désemparé par rapport à ce phénomène. Avez-vous une idée quand à l’origine du problème? Quelles solutions sont envisageable?

    Merci pour votre aide,

    Cordialement

    J.B.

    • Technique Gréement dit :

      Bonjour,
      Vous faites bien de vous préoccuper du problème, ces vibrations sont aussi des oscillations successives qui accélèrent souvent les fatigues mécaniques du haubanage, des cadènes de pont et ancrages de mât.

      NB: Pour suivre ce sujet, nous ouvrons sur ce Blog une section « Vibrations et résonances du mât… » qui pourra rendre service à d’autres plaisanciers confrontés aux mêmes soucis.

  2. chalfouh samir dit :

    Ce que vous avez écrit m’a beaucoup aidé..! Merci Merci .

  3. Richard dit :

    Pour moi pas de problemes, j’ai un gréement en Nortsman depuis 30 ans et surveillé. Tout vas bien à bord…

    Richard

  4. chris claveau dit :

    L’argumentaire developpé est tres superficiel et « enfonce des portes ouvertes »….sans donner de solutions sauf tout changer periodiquement ….
    Il semblerait pourtant que suivant comment est calculé un gréement, fatigue, elasticité ou rupture les données changent les resultats ….
    De plus quelques conseils de montage des elements de gréements ne seraient pas superflus, comme par exemple de monter, en pied et en tete des haubans, des apparaux, quels qu’ils soient, qui puissent permettre au cable de travailler sur deux plans, pour eviter la fatigue au ras du sertissage qui conduit inevitablement à la rupture, comme cela est si bien decrit….systeme de montage valable pour l’ensemble des cables du gréement…

    • Occupons nous donc des portes ouvertes :

      . Un bon moteur qui a 30 ans est sans aucun doute un bon moteur, mais on ne peut pas nier que chaque jour qui passe le rapproche de la fin de sa vie…fin de vie qui peut être soudaine…!

      . Un gréement dormant est globalement toujours calculé de la même façon par l’architecte d’origine. La charge maximale sur chacun des câbles est calculée théoriquement selon des conditions météo du type : « bateau couché sur l’eau » , puis le câble inox monotoron, compact-Dyform ou Rod monofil et choisi avec une résistance à la rupture 2,5 fois supérieure (2500Kg de rupture si l’effort maxi. est de 1000Kg).
      Un câble de haubanage ne casse donc jamais à cause d’une trop forte charge, sauf si le vieillissement par fatigue ou corrosion a déjà fait son chemin…

      . Les terminaisons hautes et basses travailleront effectivement mieux, et entraîneront moins de fatigue du câble en sortie de sertissage, si elles laissent dans tous les sens les 2° ou 3° de liberté minimum et indispensables. Si vous observez bien les terminaisons sur le gréement de votre voilier, vous verrez que c’est généralement le cas avec les « chapes articulées », les terminaisons à « boule dans une coquille » ou les terminaisons « cane » ou en « T ».
      Le montage à éviter est une terminaison à « oeil » avec du jeu et un axe goupillé, le simple jeu de l’oeil autour de l’axe est souvent insuffisant pour éviter tout problème dans le temps.
      Il faut par contre éviter à tout prix ce montage avec oeil serré fermement et sans jeu par un boulonnage, mais ce type de montage n’est jamais fait d’origine et est souvent le résultat d’un bricolage maladroit du capitaine…

  5. aubourg . V dit :

    sur mon Attalia de 30 ans, le même haubanage, pas de problèmes, Bien tendu ! aucunes fissures ! c’ était du solide, mais cela c’ était Avant !

  6. LEMATTRE dit :

    bonjour j ai traverser l atlantique avec mon voilier melody et des cables d haubanage neuf les deux bas haubans arriere avait de nombreuses cassure au sertissage a l arriver a la martinique on ma dit de mettre des chapes articuler et cela ne change rien car apparament au allure portant le greement du melody solicite trop les bas haubans comment remedier au probleme ?

  7. Bonjour,
    Le gréement dormant standard du Mélody est tout en câble monotoron de 8mm, y compris les 2 bas haubans arrières, seul le bas étai est normalement en 7mm.
    La résistance à la rupture d’un câble de 8mm est de 5200kg. La traction normale en navigation sur le bas hauban du Melody est de l’ordre de 1500kg et le bateau n’est pas sensé être capable d’y exercer une traction supérieure à 2000kg en navigation dans les pires conditions….
    Ces ruptures de torons sont donc logiquement dues à une autre cause, peut-être des câbles trop mous qui se tendent violemment par « à coups » dans le clapot, mais les chocs répétés dans ce cas sont sévères et ne peuvent pas passer inaperçus.
    Contrôler la présence d’articulations hautes et basses est une bonne chose pour éviter la fatigue du métal par oscillations successives, mais casser des câbles neufs en une seule traversée est étonnant.

    Avez-vous plus d’informations et quelques photos ?

    Mast Jack

  8. Floriant dit :

    Bonjour,
    Je souhaiterais savoir si il est possible de contrôler les haubans en Rod, en recherche de défaut?
    Quelle est la méthode utilisée ?
    Merci

    • Bonjour,

      Si votre haubanage Rod est âgé de 6 à 8 ans, il est raisonnable de le démonter pour contrôler les têtes de Rods ( nettoyage + polissage + loupe à fort grossissement et test de ressuage en cas de doute ).

      A partir de 8 ans il est conseillé de recouper les tête de Rod qui sont les points de faiblesses principaux et les refaire.
      La légère perte de longueur sur chaque Rod (environ 3 fois le diamètre du fil) peut être compensée par des tiges de ridoirs plus longues.
      Le coût de l’opération représente environ la moitié du prix d’un gréement dormant Rod neuf.
      La durée de vie de l’ensemble sera ainsi prolongée de quelques années.

      Au delà de 13 / 15 ans, il est préférable de jeter le tout… risque de rupture soudaine à tout moment.

      Mast Jack.

  9. Michel dit :

    Merci pour ces infos, cependant je ne comprends pas cette analyse qui parle d’années et non de milles parcourus. Pour prenez l’exemple d’un vieux moteur, dans ce cas, ce n’est pas l’age qui compte, mais le nombre de kilomètres parcouru. De quel voilier parlez-vous ? De celui qui sort le week-end, la majorité, ou de celui qui fait une transat tout les deux ans ?
    Merci,
    Michel

    • Vous avez raison, la comparaison avec un moteur n’est pas la meilleure, même si l’on sait que certains organes comme des tuyauteries ou des courroie se dégrade avec le temps, indépendamment du nombre d’heures de fonctionnement.
      Comme dit dans l’article, au mouillage par le balancement du bateau ou par les oscillations dues au vent, le haubanage vieillira lentement. En navigation, le haubanage au vent fatiguera moins et celui sous le vent fatiguera plus vite . Le cas de « non fatigue » au fil du temps sera celui d’un bateau démâté avec mât et câbles posés à plat et sans mouvements…

  10. Michel dit :

    Merci pour la réponse.. Votre analyse est interresante, et j’en conclu qu’un bateau métallique sur lequel on peut vraiment raidir le gréement est avantagé.

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